Mis en ligne le lundi 5 juillet 2010.
Lors d’ un atelier recherche-action [1] "jeunesses et territoires" organisé à en avril 2010, une enquête réalisée à Quimper par Chafik HBILA a été présentée. Elle s’inscrit dans une démarche inter-régionale de recherche-action animée par RésO Villes en partenariat avec l’Injep (Institut national de la jeunesse et de l’éducation populaire).
Extrait de la synthèse de l’enquête :
(...)
« Le quartier de Kermoysan est le seul territoire de Quimper situé en zone prioritaire. Comme l’essentiel des quartiers populaires prioritaires des villes de l’Ouest, il concentre en lui un
certain nombre de difficultés socioéconomiques.
A l’échelle de la ville, Kermoysan est aussi
stigmatisé en raison du taux de population étrangère qui y vit – très faible en comparaison à
certains grands ensembles de l’Ouest – nettement supérieur au reste de la ville (environ
10% contre 1%), ce qui fait de lui le quartier « des turcs et des maghrébins » dans les
représentations d’une large partie des quimpérois.
Les jeunes qui vivent dans ce quartier n’échappent pas aux constats déjà réalisés dans d’autres quartiers. Nous retiendrons que :
ils sont fortement attachés à leur quartier, qu’ils érigent en véritable marque
d’identité ;
une large partie d’entre eux fonctionne par groupes de pairs qui sont de véritables
producteurs de normes et de valeurs ;
ils rencontrent de nombreuses difficultés à l’école et qu’ils investissent les filières
tertiaires les moins valorisés dans le secondaire ;
ils constituent, certainement plus que les autres jeunes, des variables d’ajustement
des conjonctures économiques et, qu’à ce titre, ils subissent la crise actuelle de plein
fouet ;
ils sont très peu mobiles d’un point de vue physique et culturel, peinant à investir des
normes sociales différentes de celles produites dans le quartier ;
ils sont stigmatisés dans la ville et subissent des discriminations à l’embauche ;
ceux d’entre eux qui réussissent sont tentés de quitter le quartier même s’ils y gardent des liens ;
ils ne sont pas engagés dans des actions citoyennes en dehors des associations créées à partir d’une pratique et d’une passion.
Enfin, nous retiendrons que les jeunes filles se distinguent des garçons dans la
mesure où elles accèdent aux responsabilités plus vite, sont contraintes à la mobilité
pour accéder à l’anonymat (dans le quartiers, elles sont constamment sous pression
du contrôle social : « tout le monde connaît tout le monde ») et elles portent un
jugement très dur en direction des garçons. »
(...)
Synthèse de l’enquête réalisée par Chafik HBILA dans de Kermoysan à Quimper (page 15 à 29 du compte rendu)

- atelier recherche-action "jeunesses et territoires
- Sixième journée, QUIMPER le jeudi 29 avril 2010 - RésOvilles/Injep
A lire aussi dans ce compte rendu :
"Le travail contre autrui" un texte d’Alain Vulbeau, sociologue, professeur des universités
Équipe Crise, École, Terrains sensibles, CREF, Université Paris Ouest (pages 30 à 36)
A lire aussi, dans le cadre de la démarche "RésOvilles/Injep" :
Angers : Une enquête socioethnographique sur les jeunes des quartiers
Ethnographie de la jeunesse des quartiers prioritaires
Brest : présentation des postes de coordinateurs jeunesse
Les jeunes des territoires de Maine-et-Loire et les structures d’animation socioculturelle
[1] RésO Villes a engagé avec sept villes du grand Ouest – Lorient, Quimper, Brest, Rennes,
Angers, Nantes et Saint-Nazaire – une recherche-action sur la connaissance du public jeunes
16-25 ans des quartiers prioritaires. Le but de la démarche, que l’INJEP soutient en tant que
partenaire, est d’interroger l’offre politique en direction des jeunes des quartiers afin, d’une
part, d’en apprécier la pertinence et, d’autre part, de mettre en avant les faisceaux de
représentations, d’enjeux et de constats à partir desquels se construit cette offre....