Lors d’un séminaire de travail organisé par l’afev en mars 2005.
Mis en ligne le lundi 10 octobre 2005.
Lors d’un séminaire de travail organisé par l’afev [1] Trajectoires-Groupe Reflex [2] et l’Injep [3], François Dubet [4] est intervenu sur le thème : "les vaincus du système scolaire" et Jean-Claude Richez [5] sur le thème : "Une actualité renouvelée de l’Education populaire".
Pour François Dubet :
le "message est de dire aux acteurs de la
société civile, comme l’Afev, de faire pression
sur l’école, de l’extérieur, car elle ne
changera pas de l’intérieur, alors que les
performances scolaires des enfants stagnent,
que la massification a créé de nombreux
problèmes. Le seul moyen de faire
changer l’école est de créer une contestation
de l’extérieur.
Il faudrait que l’Afev puisse dire :
nous ne sommes pas des sous-traitants des problèmes
scolaires, et fasse entrer dans l’espace politique et
public ce monde réduit à des stigmates d’exclusion,
d’analphabétisme.
Cette transformation est difficile parce que l’échec scolaire
invalide le discours de celui qui a échoué : ceux qui
s’expriment sont ceux qui ont réussi. Les vaincus doivent
contester le mode de fabrication des vainqueurs.
Ce n’est pas une utopie : l’école élémentaire sait gérer
la place des élèves qui ne travaillent pas bien, alors qu’à
l’arrivée au collège, ils n’ont plus leur place, et se sentent coupables."
Pour Jean-Claude Richez :
"Dans « éducation populaire » les
deux termes de la proposition sont
essentiels : le populaire tout autant
que l’éducation. La référence au
populaire n’est pas anodine. Il a,
nous l’avons déjà noté, une signification
fondamentale dans le système
démocratique. Le peuple est au
fondement même de la légitimité du
pouvoir.
Si l’on prête attention aux
rhétoriques d’aujourd’hui, le peuple
semble s’être évanoui. On ne le
désigne plus que par métonymie ou
acronyme : quartiers en difficultés,
zones sensibles, quartiers périphériques,
quartiers en politique de la
ville ou tout simplement quartier,
voire cités, quand ce n’est pas ZUP,
ZEP. Autant d’expressions pour éviter
de désigner ce qui est leur réalité
fondamentale : des quartiers
populaires. Déni d’autant plus
important qu’une partie non négligeable
de la population de ces quartiers
est souvent issue de l’immigration
et par là on exclue leur appartenance
fondamentale à la nation.
Le premier volet de l’expression
« éducation populaire » est tout aussi
important, ne serait-ce que parce
qu’il découple celle-ci de l’école avec
laquelle on la confond en général en
France et par là, désigne d’autres
espaces et d’autres modes d’apprentissage.
Enjeu encore une fois
d’autant plus important que, dans
nos sociétés d’aujourd’hui, le temps
de l’éducation ne saurait être réduit
au moment de l’école."
Télécharger les interventions de François Dubet et jean-Claude Richez

- jeunes et engagement...
- interventions de François Dubet et Jean-Claude Richez
[1] L’afev, association loi 1901, agréée Jeunesse
et Education Populaire, complémentaire de
l’Enseignement Public, a pour objet de mobiliser
des étudiants afin qu’ils accompagnent,
tout au long de l’année scolaire, des enfants et
des jeunes en difficulté dans les quartiers défavorisés.
Ces actions de solidarité et de volontariat
se déroulent en partenariat étroit avec les
établissements scolaires et les collectivités
locales. Elles concernent actuellement plus de
9 000 jeunes et mobilisent 5 000 étudiants
bénévoles dans près de 150 villes. afev - 26
bis rue de Château Landon - 75010 Paris -
tél : 01 40 36 01 01 - fax : 01 40 36 75 89
www.afev.org - pole.national@afev.org,
[2] TRAJECTOIRES-Reflex, créé en 1985, est un
cabinet d’étude réunissant des spécialistes de
formations diverses : anthropologie, urbanisme,
sociologie, sciences politiques, économie...
Trajectoires intervient pour des commanditaires
publics (collectivités locales et territoriales, services
de l’Etat,Office HLM, CAF, etc.) dans les
domaines suivants : politique de l’habitat, développement
des territoires, évaluation des politiques
publiques, politiques éducatives et politiques
sociales. TRAJECTOIRES- Groupe
Reflex - 91 avenue Berthelot - 69007 Lyon
tél : 04 78 69 02 88 - fax : 04 78 58 25 33
www.trajectoires-reflex.org
[3] L’Injep, établissement public du ministère de
la Jeunesse, des Sports et de la Vie Associative
s’adresse à tous ceux qui sont concernés par
les questions de jeunesse : responsables et
élus locaux, cadres associatifs, fonctionnaires
de l’État, professionnels de l’animation, de
l’éducation, chercheurs, étudiants. L’INJEP est
un centre de ressources sur la jeunesse, l’éducation
populaire et la vie associative. Il intervient
en régions, organise des colloques, des
séminaires et des universités d’été. Il développe
les rencontres, confronte les expériences,
met en œuvre les échanges nationaux, européens,
et aide au développement de la coopération
internationale. Injep - 11 rue Paul
Leplat - 78160 Marly-le-Roi - tél : 01 39 17
27 27 - fax : 01 39 17 27 90 - www.injep.fr
[4] sociologue, professeur à l’université Victor Segalen Bordeaux 2
[5] Responsable de l’unité Recherche, études, formation à l’Injep