Une synthèse de l’ouvrage « Ghetto urbain. Ségrégation, violence, pauvreté en France aujourd’hui » de Didier Lapeyronnie
Mis en ligne le lundi 15 juin 2009.
Didier Lapeyronnie, professeur de sociologie à l’université Paris IV, écrit pour « Demain la ville » une contribution à partir des conclusions
de l’enquête menée à l’occasion de son dernier ouvrage paru aux éditions RobertLaffont : « Ghetto urbain. Ségrégation, violence, pauvreté en France aujourd’hui ».
Les dossiers DEMAIN la ville ont pour objectif la diffusion
des connaissances.
Ils se proposent de présenter des synthèses de recherche ou des articles,
ne dépassant pas une vingtaine de pages, intéressant tous les aspects
de la politique de la ville et présentant des aspects prospectifs.
Extrait de Demain la ville n°4 (édito) :
« Ghetto urbain, cette expression fera peut-être bondir certains. En effet, il est
de bon ton en France de répéter que les ghettos noirs des Etats-Unis ne sont
en rien comparables à nos banlieues populaires françaises, celles-ci étant
bien plus multicolores que les ghettos américains ethniquement homogènes
et ayant en outre atteint un degré de déshérence bien supérieur à celui des cités
françaises. Mais tout est en fait affaire de définition.
Or pour Didier Lapeyronnie le
ghetto n’est pas un territoire ethniquement homogène et vivant en quasi-autarcie
( cf. Robert Castel), il est le résultat d’un processus, construit par les personnes
et les groupes en réponse à une situation sociale, raciale et sexuelle. En ce sens,
il souligne qu’au sein d’un même territoire, tous n’appartiennent pas au ghetto,
que si celui-ci est une « cage » en partie subie, il est aussi un « cocon »,
en partie choisi. Les dimensions à l’oeuvre dans la constitution de ce dernier
sont les positions sociales, l’appartenance ethnique et l’appartenance de genre.
En raison de ces multiples dimensions, le ghetto n’est pas un monde homogène,
communautarisé, mais bien davantage, une juxtaposition de mondes articulés
entre eux. « Il ne s’organise pas autour d’une unité culturelle ou religieuse. Il est
un lieu vide et se construit autour de ce vide. Le ghetto est une "communauté
à l’envers" ». Cette analyse très fine, du processus de construction du ghetto,
permettra, nous l’espérons, d’éclairer l’intervention des acteurs de terrain
qui se trouvent confrontés à ces réalités complexes. »
source : DEMAIN la ville
Demain la ville n°4 (22 pages) :
http://www.ville.gouv.fr/article.php3 ?id_article=382
A propos de Didier Lapeyronnie :
http://www.ehess.fr/cadis/francais/pages/chercheurs/pres-lapeyronnie.html
A lire aussi :
"Des ghettos en France ?" : entretien avec Didier Lapeyronnie
A propos de l’ouvrage de Didier Lapeyronnie : « Ghetto urbain. Ségrégation, violence, pauvreté en France aujourd’hui »